samedi 23 septembre 2017

Fonder une famille - part 2

Il y a quelques jours je me suis sentie quelques peu anéantie. Comme si mon mari m'avait d'un coup fait réaliser que pour lui c'était hors de question d'avoir un enfant (je me suis sûrement emportée vu que je ne me souviens plus de ce qui a déclenché ce sentiment) et je m'étais soudain dit "mais pourquoi est-ce que je me prends autant la tête, pourquoi est-ce que j'ai perdu tant de temps à me poser toutes ces questions alors que ca ne servait à rien". Je lui ai dit que je ne lui en parlerais plus, que j'allais abandonner cette idée, mais à part me répondre que j'étais chiante à réagir négativement pour tout il n'a pas voulu en parler, que ce soit pour dire "en effet oublie, on aura pas d'enfant" ou "ne prend pas cette décision, on verra".

C'est difficile d'avoir des projets avec quelqu'un qui a décidé de ne plus prendre le temps de discuter parce qu'il veut à tout prix éviter : de se prendre la tête, d'avoir à faire face à un conflit, ou d'avoir une quelconque responsabilité.

S'il ne veut plus tellement me parler c'est de ma faute, parce qu'avant de le rejoindre aux Etats Unis j'ai fait des crises, j'étais dépressive, je voulais me suicider. C'était difficile. Je vivais seule dans un 25m^2 avec mes animaux. Je bossais en temps partiel au Mc Do avec des boss cons, des clients désagréables et pour un salaire de misère qui ne me permettait ni de me faire plaisir ni de manger correctement. Mes parents m'envoyaient une lettre une fois tous les 6 mois. Il y avait 6h de décalage entre la France et DC, donc beaucoup de mal à communiquer avec mon chéri. Bref ca l'a beaucoup soulé et ca doit expliquer pourquoi il ne veut plus parler avec moi. Je me retrouve maintenant à n'avoir plus personne à qui parler de ce que je ressens.

Ajouter à cela le fait qu'il ne veut être responsable de rien, il décharge beaucoup de choses sur moi. Rien que les vacances, c'est moi qui doit tout préparer, gérer tout ce que l'on fera, et il ne regarde jamais rien (pas les billets d'avion/train, ni l'hôtel, ni la carte). Comme ca c'est plus simple pour lui, si l'hôtel n'est pas bon il peut me le reprocher, si l'on est perdu, c'est de ma faute. Les vacances passaient il y a un an m'ont appris que je devais tout gérer à 200% si je ne voulais pas recevoir des critiques. Je pense donc que c'est aussi pour cette raison qu'il ne veut pas donner d'avis strict sur un enfant oui ou non. Parce que s'il est clair là dessus :
* il dit non clairement, je lui en voudrais mais je ferais avec,
* il dit oui clairement et alors il sera aussi responsable que moi du bébé.
Aucune situation ne lui convient alors il ne dit rien.

Finalement comme monsieur a décidé de ne pas donner de vrai avis, je me suis dit que je ne devrais pas tout arrêter sous un coup de tête. En un sens je ne peux pas, avoir envie d'un bébé c'est compliqué. Je pense que je l'avais déjà dit dans mon précédent poste mais quoi que je pense, ca revient toujours, je ne peux juste pas ne plus y penser et passer à autre chose. C'est dans les tripes, je veux un enfant.

Je vais reprendre donc mes réflexions, en ayant pour but de résoudre le plus de "problèmes" pour être capable d'assumer même seule l'arrivée éventuel d'un bébé. Si je me retrouve capable de résoudre moi-même les problèmes (&), il devrait pouvoir accepter la situation, c'est ce que j'espère en tout cas.


Donc reprenons la liste de mes interrogations.

- Avoir des problèmes pendant la grossesse

En admettant donc que j'ai passé le premier point, et que je tombe enceinte, rien ne dit que tout se passera au mieux. Je fais partie peut-être des rares personnes qui..aiment leur boulot et ne veulent pas faire des pauses de x mois pour congé maternité/maladie et autres (je viens travailler même si je suis malade). Du coup j'ai peur, parce que ma mère a eu quelques complications pendant ses grossesses : mon frère est né prématuré à 7mois, j'ai failli partir au bout de 5 mois et ma mère a donc failli se retrouver avec un cerclage pour éviter que je ne vienne jamais au monde (#), après quoi son gynéco lui a annoncé qu'il était préférable de ne pas vouloir un autre enfant sinon ce serait pire (bon point, ma mère ne souhaitait avoir qu'un garcon et une fille). Après quelques recherches sur internet j'ai pu lire que les causes de ce genre de problèmes étaient souvent congénitales, donc que je pouvais (malgré le fait que ma mère l'ait nié) avoir aussi ce genre de problème.

Donc encore une fois la panique du genre "mon dieu, si j'arrive à tomber enceinte mais que je le perds, ou que je risque de le perdre si je ne reste pas bloquée au lit pendant des mois, qu'est-ce que je vais faire ?" parce que ce n'est pas possible. Pour ma conscience professionnelle je me sentirais vraiment mal de ne pas pouvoir travailler. Et par rapport à mon mari qui travaille avec moi et bien cela donnerait encore plus de poids à ce qu'il m'avait dit "si tu tombes enceinte ce serait vraiment un sale coup à faire à notre boss, une très mauvaise facon de le remercier pour t'avoir engagée" (¤). Du coup ce serait l'horreur si je devais rester à la maison, je me sentirais coupable avec ce sentiment "choisis entre ton boulot ou ton bébé".

- Annoncer la grossesse

Encore un stress que certaines personnes ne connaisse pas je suppose. Comme je l'ai dit je ne m'entends pas forcément très bien avec ma famille, mon mari n'est pas toujours positif à l'idée d'être papa, et je ne sais pas comment mes collègues réagiraient. Du coup je stresse et je me fais des scénarios sur comment annoncer les choses, quand, à qui ?

Le premier point : mes parents. Là à force d'y penser j'ai pris une décision que j'espère ferme, je ne leur dirais pas. Mes parents ont montré un certain refus par rapport à mon mari et notre relation s'est complètement dégradée depuis que je suis avec lui. Je me suis mariée à 6000km de la France (@) et j'ai appris plusieurs années après que ma mère avait pleuré en recevant mon faire-part (j'ai le sentiment qu'elle était plus triste que je me sois mariée avec mon mari, que de ne pas avoir été invitée). Cette réaction, rapportée par mon frère, m'a encore plus agacée et confortée dans l'idée que je ne leur donnerais pas plus de raison de pleurer. Donc pas d'annonce de grossesse si cela arrive, et pas de faire-part de naissance non plus.

Le second point : au boulot. Je ne sais pas très bien quoi faire dans ce cas précis. J'avais en tête de prévenir uniquement mon patron et une autre personne (secrétaire/administratrice/et un peu amie qui pourrait aussi m'aider pour comprendre comment se passe les choses en Suède) une fois les 3 mois passés. Mais pour les autres, je ne suis pas sûre de le souhaiter. Je pense que mon mari ne serait pas d'accord, le fait que l'on ne peut pas cacher une grossesse indéfiniment aussi pose problème. Mais je ne sais pas. Je ne suis vraiment pas sûre que pour les autres personnes du labo cela soit judicieux ou ne serait-ce qu'important de leur annoncer. Je pense que juste ne rien dire, sans forcément le cacher, serait le mieux. Pas d'annonce, pas de mensonges, juste "si vous le voyez tant mieux pour vous, sinon, peu importe je ne ferais pas d'attaché presse". Il faut savoir que parmi mes collègues (sauf les deux indiqués sités plus haut) seul un collègue a des enfants, les autres ne sont ni parents, ni mariés, voire même pas en couple. Je pense qu'ils ne seraient pas ouverts à comprendre que je puisse avoir un enfant, et que les propos de certains seraient - sans que ce soit voulu - plus négatifs que positifs.

Le troisième point : ma belle-famille. Le sujet qui fache un peu. Cela dépend en fait surtout de mon mari. Je n'ai pas l'habitude d'envoyer de lettre ou de mails à mon beau-père, encore moins à ma belle-soeur. Je pense que je laisserai mon mari s'occupait de cela, de gérer comment il veut leur annoncer. Le connaissant et voyant qu'il évite beaucoup d'envoyer des nouvelles je pense qu'il ne leur dira qu'une fois le bébé arrivé et les faire-part distribué.

Le dernier point : mes "amis". Je considère que j'ai de moins en moins d'amis, les gens ont fait leur vie et aussi vite que je suis sortie de leur vie ils se sont épanouis, du moins c'est mon sentiment (je suis peut-être toxique pour les autres avec mes accès de dépression et de pessimisme). Quoi qu'il en soit entre les gens qui vivent un peu dans leur bulle loin du monde physique et ceux qui ont leur vie, leur bébé, leurs amies déjà parents, j'ai le sentiment que cela ne sera ni une bonne ni une mauvaise d'apprendre que je serais enceinte. Ce serait juste "ok, cool pour toi, à plus". Du coup je doute en fait qu'il vaille la peine de les prévenir. Mais en même temps je suis comme beaucoup de femmes je pense et j'ai un peu aussi envie de parler de ca si cela arrive. Je pense que je m'étendrais sur le sujet (encore une fois en espérant que cela arrive), seulement sur instagram, et en mode "my story".

Je n'ai pas parlé de mon mari  parce que... cela dépendra de l'évolution des choses. D'un côté je me dis qu'évidemment je le préviendrais de suite, que je risquerais de me faire pourrir si je ne le faisais pas, qu'il soit content ou non de la nouvelle. Mais je ne sais pas, je ne sais pas vraiment, si cela arrivait, comme je lui dirais. Parce que je ne sais pas trop quelle serait sa réaction. Est-ce qu'il sera fâché ? Est-ce qu'il s'inquiétera pour le futur (par rapport au boulot surtout je pense) ? Je ne l'imagine malheureusement pas sauter de joie.


Que de questionnement alors que je ne suis pas enceinte, que j'ai toujours mon implant contraceptif expiré dans le bras et que je n'ai aucune assurance de pouvoir tomber enceinte.
Les choses vont peut être avancées un peu, j'ai un rendez-vous à la clinique où je ne peux pas téléphoner pour un test gynéco automatique. J'essaierais d'en profiter pour leur demander un rendez-vous pour retirer mon implant.

Quou qu'il en soit ce n'est pas fini... j'ai encore plusieurs points à soulever dans de prochains articles.


La suite une autre fois



(&) En un sens c'est un peu triste mais la solution que je trouve toujours à mes soucis c'est "gère ca seule". C'est comme ca que j'ai été élevée, dans un cadre où l'on ne voulait pas me donner de coup de main. Du coup je pense tout faire toute seule tout le temps.

(#) Petite note à ce sujet, pendant mon adolescence, alors que j'étais en dépression, apprendre cette histoire m'a pas mal perturbée, ou du moins j'en ai énormément voulu à ma mère de ne pas m'avoir perdu. De ce fait j'ai le sentiment que si la nature décide que non ce ne sera pas possible à moins d'aide médical, alors il ne devrait pas y avoir de grossesse.

(¤) Je suppose qu'il nierait les faits si je lui disais, ou peut-être atténuerait ses propos en disant que lorsqu'il m'avait dit ca je n'étais au labo que depuis 1 an (lol, 1an hein, pas 1mois comme certaines femmes font, voire même parfois certaines personnes sont embauchées en ayant caché qu'elles étaient enceintes).

(@) Je ne l'avais pas souhaité, en fait j'aurais préféré que mon mari revienne en France pour que l'on se marie dans notre pays avec de vrais papiers officiels, avec sa famille, mes collègues et mes amies. J'aurais pu faire mon visa dans la foulée aussi sans faire des allers-retour aux Etats Unis. Mais monsieur n'a pas voulu faire le chemin, en fait il n'a montré aucune motivation pour se renseigner sur comment se marier etc... Résultats on s'est marié aux Etats Unis avec.... absolument personne. Un rendez-vous dans un parc, une signature de papier, 4-5 photos et voilà. 

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